Son nom suscite un engouement certain lors des ventes aux enchères, ses créations résolument modernes, audacieuses et raffinées s’arrachent à prix d’or. Jouissant d’une grande notoriété en son temps en créant des bijoux pour la haute société et les grandes personnalités elle ne signait jamais ses bijoux. Un temps oubliée il aura fallu attendre quelques années pour que son oeuvre soit reconnue de nouveau. Retour sur le parcours d’une créatrice de talent.
Madeleine Suzanne Vuillerme est née en 1900 dans le Jura. Dès son plus jeune âge Suzanne dessine et elle est encouragée par sa mère à entreprendre des études à Besançon. Elle y obtient un prix en 1918 grâce au dessin d’une montre pendentif.
L’année suivante elle est engagée par la Maison Boivin à Paris en tant que dessinatrice. Elle arrive rapidement à se faire une place et ses premiers travaux suscitent tout de suite beaucoup d’admiration notamment de la part de Jeanne Boivin (veuve de René Boivin). Et, à seulement 23 ans, elle est nommée co-directrice de la Maison. La même année elle épouse Jean Belperron.
Après 13 ans au sein de la Maison Boivin elle décide de quitter son poste en 1932, elle sera remplacée par Juliette Moutard. Elle rejoint la Maison Herz en 1933 au sein de laquelle elle bénéficie d’une totale liberté de création. Le succès est immédiat, les créations de Suzanne Belperron s’arrachent au sein de la haute société. Ses bijoux font la couverture de grands magazines tels que Vogue.
Les grands couturiers comme Elsa Schiaparelli ajoutent ses bijoux à leurs tenues. Suzanne Belperron est sollicitée de toute part : Paul Flato ou encore Tiffany, à chaque fois c’est un refus catégorique.
Suzanne Belperron s’inspire énormément de la nature, des jeux de couleurs qui lui sont offerts par elle. Elle se passionne également pour les cultures étrangères. Elle possède un certain talent dans l’association des couleurs et des pierres, elle travaille des matières peu communes pour la Joaillerie comme la cornaline, le cristal de roche. ou encore la calcédoine. L’artiste crée des bijoux audacieux et novateurs qu’elle se refusait de signer car elle estimait, à juste titre, que son style était sa signature.
Cependant, lors de l’Occupation, Bernard Herz, d’origine juive, est arrêté et est sauvé de justesse grâce à l’intervention de Suzanne Belperron. Elle prendra d’ailleurs la direction de la Maison suite aux différentes lois de l’époque. Elle sera à son tour arrêtée et accusée de dissimuler une entreprise juive. Bernard Herz sera de nouveau arrêté pour être déporté dans le camp de Drancy puis dans celui d’Auschwitz. Suzanne Belperron sera quant à elle relâchée après avoir fourni des preuves de ses origines.
Elle créera ensuite, après la guerre, une nouvelle société avec le fils de Bernard Herz avec des salons dans lesquels elle reçoit uniquement sur rendez-vous afin d’adapter du mieux possible ses créations au style de ses clients. Ces derniers sont presque tous des membres de la haute société, des clients fortunés qui continuent de s’arracher ses créations.
En 1963, elle est nommée chevalier de la Légion d’honneur. Quelques années après, son époux décède puis elle décide de stopper l’activité de la société tout en continuant à son propre compte pour satisfaire les demandes de ses clients fidèles devenus au fil du temps des amis proches.
Elle décèdera à l’âge de 82 ans par accident dans son bain.
Sans héritier elle lègue ses biens à un ami proche qui respectera son engagement en dissimulant l’ensemble de ses archives ce qui fit croire pendant de nombreuses années qu’elles avaient été détruites.
Le nouvel héritier découvrit alors en 2007 l’existence de ces archives restées à l’abandon depuis 1983. Cette découverte sera ensuite confiée à Olivier Baroin, expert en bijoux reconnu qui épluchera chaque document afin de remettre le travail de Madame Belperron en lumière et de contribuer à la remettre sur le devant de la scène. Il participera également à l’écriture d’un livre retraçant la vie et l’oeuvre d’une créatrice de génie.
Remerciements pour les visuels : Olivier Baroin et Philippine Dupré la Tour
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