Il existe des figures dont le parcours se confond avec l’histoire d’une pierre. Jimmy Molina en fait partie. Propriétaire de Las Pavas, l’une des plus vastes concessions minières de la région de Muzo, il est aujourd’hui une figure incontournable du marché de l’émeraude colombienne. Son nom circule avec respect dans les ruelles de Bogotá comme dans les galeries souterraines de Boyacá. Pourtant, l’homme reste discret. Son influence, elle, est importante.
Un héritage forgé dans la mine
Jimmy Molina est né dans l’émeraude. Issu d’une famille liée à l’exploitation minière, il a grandi dans l’univers rude mais fascinant des mines de Muzo. Dès son plus jeune âge, il apprend à reconnaître les veines prometteuses, à estimer le potentiel d’une roche, à lire la terre comme d’autres lisent les lignes d’une main.
Son parcours est indissociable de celui de Victor Carranza, figure légendaire surnommée le “tsar de l’émeraude”. Jimmy en fut longtemps l’homme de confiance, assistant aux décisions majeures, évoluant au cœur d’un système où le pouvoir, les pierres et les alliances se nouaient dans une complexité aussi minérale que politique. Cette position lui a permis d’acquérir une connaissance fine du marché, mais aussi une intuition rare des dynamiques humaines qui gouvernent le commerce de l’émeraude.
Las Pavas : un territoire d’avenir pour l’émeraude colombienne
Aujourd’hui, Jimmy Molina est à la tête de Las Pavas, un gisement immense dont le potentiel attire la convoitise des investisseurs. Cette concession, stratégiquement située dans la ceinture d’émeraudes de Muzo, est considérée comme l’un des derniers grands territoires susceptibles de révéler des émeraudes de premier ordre.
Jimmy Molina reste un homme proche des siens. À Muzo, à Otanche, à Coscuez, on le salue avec chaleur et respect. Il connaît les familles, les parcours, les difficultés. Il a vu des générations entières vivre de la pierre verte, et il sait que le commerce de l’émeraude ne repose pas que sur des carats, mais sur des êtres humains.
L’histoire d’une émeraude colombienne révélée par instinct
Parmi les nombreuses anecdotes qui ponctuent la carrière de Jimmy Molina, l’une résume à elle seule son regard unique sur l’émeraude. Un jour, un ouvrier extrait une pierre imposante mais jugée sans grand intérêt : trop terne, trop fracturée, elle est rapidement écartée et proposée à bas prix par un marchand de l’Emerald Trade Center.
La plupart passent leur chemin. Mais Jimmy, fidèle à son intuition, décide de l’examiner de plus près. Sous la lumière d’un appareil, il aperçoit une lueur verte ténue, presque imperceptible. Porté par son instinct, il achète la pierre et la confie à un tailleur. Le résultat dépasse toutes les attentes : une série d’émeraudes d’une couleur saisissante, d’une pureté rare, vendues à un prix record.
Cette pierre, dont personne ne voulait, est devenue l’un des joyaux les plus exceptionnels de sa carrière. Une leçon, sans doute, sur la patience, le regard, et cette foi tranquille qui caractérise les grands hommes du métier.
Un homme entre tradition et transmission
Jimmy Molina est un pilier du marché émeraude colombien. Non pas pour sa visibilité, qu’il recherche peu, mais pour la confiance qu’il inspire et l’expertise qu’il incarne. Il est l’un de ces rares hommes capables de faire dialoguer les montagnes et les marchés, les mineurs et les collectionneurs, la tradition et l’avenir. Son parcours rappelle que l’univers des pierres précieuses n’est pas qu’une affaire de brillance : c’est une affaire d’hommes, de transmission, de respect. Et qu’au cœur de la Colombie, dans les terres vertes de Muzo, bat encore le cœur d’une passion authentique, portée par des figures comme la sienne.
